
Dans un contexte de forte croissance de la demande en électricité et face à une pression croissante sur les finances publiques, le gouvernement togolais a annoncé le jeudi 15 mai 2025 un ajustement modéré des tarifs de l’électricité. Cette mesure, effective à partir du 15 mai 2025, vise à restaurer l’équilibre financier de la Compagnie Énergie Électrique du Togo (CEET) et à assurer la continuité du service pour les ménages comme pour les industriels.
Selon le communiqué du ministère des Mines et des Ressources énergétiques, cette réforme s’inscrit dans la vision nationale de développement économique qui ambitionne un accès universel à l’électricité d’ici 2030, avec une part de 50 % d’énergies renouvelables dans la production locale.
Un modèle sous pression depuis plus d’une décennie
Depuis plus de dix ans, la demande en électricité a explosé, tant en milieu urbain que rural, en raison notamment du développement d’infrastructures énergétiques, des réformes sectorielles et des politiques d’accès facilité à l’électricité. L’Agence Togolaise d’Électrification Rurale et des Énergies Renouvelables (AT2ER) a été créée dans ce contexte pour accélérer l’accès des zones rurales à l’énergie.
Cependant, cette demande croissante n’a pas été suivie par une évolution tarifaire adéquate. Alors que le coût moyen de production de l’électricité s’élevait à 145 F CFA/kWh en 2024, le tarif moyen payé par les consommateurs est resté figé à 102 F CFA/kWh depuis 2011. Cette situation a engendré des déficits chroniques pour la CEET.
Des subventions massives de l’État depuis 2020
Pour éviter les ruptures de service, l’État togolais a régulièrement soutenu la CEET. Entre 2020 et 2025, plus de 56 milliards de F CFA ont été mobilisés pour financer le combustible et régler une partie des dettes d’importation d’énergie. Plus récemment, une ligne de crédit de 40 milliards de F CFA a été obtenue grâce à une garantie de l’État auprès de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD).
Un ajustement tarifaire maîtrisé et socialement différencié
Le nouvel ajustement tarifaire, d’un taux moyen de 12,5 %, se veut mesuré et socialement équilibré. Il prend en compte la capacité contributive des différentes catégories de consommateurs. Ainsi, plus de 1,5 million de clients à faibles revenus continueront de bénéficier d’une réduction de 30 % sur leur tarif, mise en place depuis décembre 2024. Les usagers à revenus moyens subiront un ajustement limité, tandis que les gros consommateurs verront leur contribution évoluer, sans compromettre leur compétitivité.
Des réformes pour améliorer la performance du secteur
Outre l’ajustement des prix, plusieurs réformes structurelles sont en cours pour renforcer la performance du système électrique national. Elles portent sur : L’amélioration de la gouvernance de la CEET ; la réduction des pertes techniques et commerciales ; le renforcement de la lutte contre la fraude ; la digitalisation des services et des processus de recouvrement ; la négociation de meilleures conditions d’approvisionnement.
Vers une fourniture stable et durable de l’électricité
Le gouvernement espère que ces mesures permettront de réduire significativement les délestages, de garantir une fourniture continue et fiable de l’électricité, de mieux entretenir les infrastructures, d’accélérer l’électrification des zones non couvertes et d’accroître la part de la production locale dans le mix énergétique national.